Georges Simenon : Maigret à l’école
Il y a des images qu’on enregistre inconsciemment, avec la minutie d’un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.
Maigret ne se rendait plus compte, après tant d’années, qu’en arrivant, toujours un peu essoufflé, au sommet de l’escalier dur et poussiéreux de la P. J. il marquait un léger temps d’arrêt et que, machinalement, son regard allait vers la cage vitrée qui servait de salle d’attente et que certains appelaient l’aquarium, d’autres le Purgatoire. Peut-être en faisaient-ils tous autant et était-ce devenu une sorte de tic professionnel ?
Même quand, comme ce matin-là, un soleil clair et léger, qui avait la gaieté du muguet, brillait sur Paris et faisait briller les pots roses des cheminées sur les toits, une lampe restait allumée toute la journée dans le Purgatoire, qui n’avait pas de fenêtre et ne recevait le jour que de l’immense corridor.